Un bateau est utile pour traverser la mer,
Mais une fois la traversée effectuée, il n’est pas nécessaire
De poursuivre sa route en emportant son bateau sur ses épaules
SWAMI SHANKARANDA GIRI
T Comme Traversées
Les grandes traversées ne sont pas notre tasse de thé et s’il faut mesurer la mer, on préfère de loin laisser mesurer les autres….
Les traversées sont pour nous une étape obligée, pour rallier les différents points d’un voyage, le continent vers la Corse, de Sicile en Sardaigne, de Saint Martin aux Vierges. Rester des heures sans apercevoir la terre n’est pas vraiment une épreuve mais notre passion reste quand même de voir la terre, vue de la mer.
Nous gardons conscience, malgré la passion qui nous anime, d’évoluer sur mer, dans un milieu merveilleux mais qui peut être hostile et notre sagesse reste résolument terrienne. Ce désamour des grandes traversées me semble également lié à la diminution évidente du nombre de mammifères marins rencontrés. Il y a quinze ans nous avions du slalomer à plusieurs reprises entre Calvi et Port Cros au milieu d’un troupeau de baleines et leur petits. En 2016, en plus de cent jours et plus de trois milles kilomètres, nous n’avons vu que quelques dauphins méfiants, une dizaine de tortues (Avec étonnement !), pas un seul gros cétacé.
Les photos d’un sillage rectiligne, avec la terre au loin allumée par un disque rougeoyant sortant de l’horizon reste cependant une belle invitation au voyage. Mais bon, nous continuons de préférer encore les hommes et les femmes aux sirènes….
« Muse, raconte-moi l’homme aux mille tours, qui erra très longtemps sur la mer,
Lorsqu’il eut détruit la citadelle sacrée de Troie »
Premiers vers de l’ODYSSEE attribués à HOMERE
U Comme…. Ulysse
Ah Ulysse !….
Il va être difficile de trouver un fil rouge aussi mythique et universellement sympathique.
Pour me consoler j’essaye bien de me dire que le sale bonhomme :
- A tenté d’être parjure à son alliance avec Ménélas et Agamemnon
- A essayer de voler le vin et les femmes des Kikones
- A mené une campagne fâchiste contre les consommateurs de drogues douces
- A trompé son épouse légitime de manière éhontée
- A crevé l’œil à un borgne
- A participé à du vol de bétail (Sacré, de plus)
- A coupé plein d’arbres pour un cheval qui n’a servi qu’une fois
- A mené tous ses amis et équipiers à une mort certaine
- A été obligé de se faire attacher au mat pour ne pas céder à une femme poisson
- A finalement quitté Pénélope à son retour, pour repartir on ne sait où ?!
- A oublié la pension alimentaire de Télémaque
- …./….
Qu’il a finalement sombré du côté obscur de la force…..
Il me fait cependant toujours plus rêver que YODA, Maître Jedi, qui voyage pourtant dans toute la galaxie.
« Donnez une chance à la chance,
Alors elle devient nécessité »
André REGNIER – LES INFORTUNES DE LA RAISON
V Comme….. Veinards
Exclamation d’une grande constance à notre retour, de la part du plus grand nombre :
« Quelle chance vous avez eu de faire un tel voyage ! »
Je ne vois pas ce que la chance vient faire dans le propos.
Certes, nous aurions pu jouer de malchance, en croisant une trombe vers les LIPARI, en heurtant un container flottant entre deux eaux, en prenant un filet dérivant dans l’arbre d’hélice, malgré notre veille constante et nos navigations diurnes. Nous aurions pu tomber dans l’eau, ce qui pend au nez des gens qui vont dessus ou heurter un peu trop fort la terre ce qui peut arriver aux inconscients qui la quittent….
Nous avons eu la chance d’éviter, sans gros mérite, ces différents avatars. Par contre notre départ et la réalisation de notre projet n’a rien à voir avec un quelconque privilège du hasard en dehors du fait que nous avons la chance (Et un peu le mérite) d’être, passée la soixantaine, en à peu près bonne santé, physique et morale.
Pour le reste, nous avons cotisé 165 Trimestres en bossant 70 heures par semaine, sans que cela nous pèse grâce aux métiers fabuleux que nous avions choisis, après avoir réussi des diplômes qui ne sont pas donnés. Après avoir pris de nombreux risques, nous nous sommes retrouvés en fin de carrière, animateurs du plus gros Centre libéral de soins externes en rééducation au plan national, nous avons vendu nos parts au prix du marché et avons réglé la fiscalité qui s’y rattache y compris CSG et RDS qui pourront faire vivre plusieurs sans abris durant quelques années. Le crédit contracté pour TINTAMARRE a pu être soldé et il nous est resté trois sous pour acheter du gasoil.
Ensuite pour vivre, que l’on mange une CARBONARA en Italie ou à Aix en Provence, le coût reste le même.
On peut faire un voyage identique à pied, en camping car, en moto, en auto, en stop selon ses envies et ses moyens. L’expérience restera tout aussi fabuleuse, les photos aussi belles, les risques à peu près les mêmes, liés à la même notion de malchance éventuelle.
Au retour, on ne pourra vous qualifier de chanceux, vous n’aurez eu que le mérite de réaliser une partie de la Liste de vos ENVIES…..
Pas très sympa Ulysse mais malheureusement vrai !
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