VIEILLES AMARRES
On a tous un vieux T-shirt fétiche, qui nous sert parfois de pyjama…. Un vieux jean râpé dont on ne séparerait pour rien au monde, même que les marchands d’illusion se sont mis à nous les râper en usine pour peaufiner l’arnaque !
Les brocanteurs regorgent de vieilles merveilles, dont on a eu souvent un mal fou à se séparer, le souvenir d’un être cher, un regard bienveillant qui s’était habitué à cette vieille commode, présente là depuis toujours.
Des parades ont été trouvées pour tenter de rompre avec nos quelques faiblesses, envers les choses usées et quand l’arbitre ordonne « balles neuves » d’un ton péremptoire, on remarque quand même bien que NADAL lui-même, jette un regard nostalgique sur les baballes ébouriffées mises au rancard, avec lesquelles il vient de remporter un set décisif.
Dans le couple, les choses deviennent souvent caricaturales. Il y a celui qui garde et celui qui jette. L’un jette l’obsolète devenu inutile, encombrant, superflu en l’absence de l’autre, planqué dans le garage derrière la poubelle, pour récupérer tout ou partie du précieux butin, voué sans cela à une disparition anticipée et cruelle.
Les amarres de TITAMARRE c’est pareil ! J’en ai deux à l’arrière, une mouchetée de noir sur un blanc sale, trop courte, qu’il s’émèche dans les bouts, l’autre grise, bouffée par les ragages successifs sur les chaumards ou les bites d’amarrages, malmenée par les coups de vent d’hiver.
Des amarres neuves, j’en achète pourtant de superbes lors de mes venues chez CABESTO, ou lors des différents salons de Printemps ou d’Automne. De superbes, bleues, tressées, à un prix dérisoire et promotionnel, consenti par un exposant un peu plus persuasif. Une affaire ! C’était la dernière paire et il n’en aura peut être plus de cette qualité incroyable au salon prochain…. Surtout à ce prix (Chez CABESTO pour un montant pareil, j’aurais pu équiper la moitié de la panne).
Pourtant, je le sais bien, un jour au petit matin blême, j’abandonnerai ces joyaux sur la panne, à proximité d’un autre Trawler, espérant comme les marâtres qui abandonnaient leur progéniture à la porte d’une église, qu’un bon chrétien en prendra un soin infini.
A force de caresses et de préliminaires, les nouvelles deviendront elles aussi un jour soyeuses, tendres…. au risque d’un évitable abandon à venir.