SALOPARDS DE TOURISTES… Lundi 03 Juillet

SALOPARDS DE TOURISTES….

Tu viens de trouver la crique de tes rêves, où de gros rochers ronds tombent dans une mer turquoise…. Tu t’es fait un peu brasser par une méchante houle résiduelle d’Ouest dans les Bouches de Bonifacio, mais là, mouillé sous le vent, seuls les embruns qui éclatent au dehors sur les gros blocs de granit, te rappellent vaguement la difficulté du lieu et de son accès pour le marin.

Satisfait, fier de ton approche impeccable d’entrée dans ce havre de paix, tu commences à apprécier une journée d’authentique privilégié, qui débute sous les meilleurs hospices. Un petit Requiem de Mozart en sourdine, ne gâche rien à l’ambiance de ce lieu grandiose. Deux grosses bouées rondes, blanches, seront du plus bel effet si après la sieste, l’idée me venait de ressortir ma boite d’aquarelles…

Quand monte doucement de l’horizon, un hymne à la Sardou, vantant la java de Broadway et la consommation de Bourbon. La tu te dis, tiens !? Johnny a du finir sa tournée « Vieilles Canailles » et aère son cancer des poumons du côté de Cavallo toute proche ?!….

Et là, ton regard médusé, voit entrer à 12 nœuds dans ta future aquarelle, deux énormes « Promènes Couillons », plus chargés de touristes, qu’un boat-people Syrien, du côté de Lampedusa. Tout ça te frôle à te toucher, en créant des remous qui manquent de faire vaciller ta HEINEKEN glacée, pour aller s’arrimer aux deux bouées, dont je comprends tardivement l’utilité, en jetant définitivement mes pinceaux à la mer !

Le premier, comme cela est marqué dessus, propose « Pâtes aux langoustes dans une crique de rêve », l’autre « Soupe de poisson, sur une vedette privée ». Sardou se calme, on enchaine sur « J’ai plus d’appétit qu’un barracuda, …Barracuda ! ».

Une première escouade est déposée sur la plage en plein soleil, sur deux zodiacs bondés, avec pour les plus prévoyants quelques pauvres glacières. Eux, ont pris l’abonnement « sans manger » et musique à fond ! Comme dans Boris Vian, les croques morts n’arrêtent de chanter qu’à partir de la classe N°2…..

Les autres sont appelés au porte voix, à faire trampouille à distance raisonnable autour du rafiot, en attendant le service qui leur sera annoncé par l’arrêt du programme musical…

Après un échantillonnage ma fois assez complet de l’œuvre de DAVE et de la COMPAGNIE CREOLE, aux environs des 200 décibels, arrêt soudain des baffles. Les hurlements de 80 affamés font place à « Ou est la bouffe ? », après « Ou sont les femmes ? »….

Les pâtes aux langoustes sont servies aux convives assis, conviés autour de nappes, servis par l’équipage.

Sur l’autre navette, difficile de bien discerner l’organisation, mais la troupe semble faire la queue avec son écuelle. Un serveur y pose les croutons, l’autre la sauce, un troisième quelques grains de râpé, le dernier pose l’estocade du bouillon fumant….

Re-trempouille, re-musique, à 15 heures pétantes, coup de corne qui va me réveiller UGLIONE de sa sieste et départ à fond de bourrins, de ces deux fringants navire, quittant notre petit paradis. Coup d’œil vers la plage : Ouf ! ils n’ont pas oublié ceux qui mangeront mieux ce soir….

J’ai dû m’assoupir, abuser un peu du CONTE PERALDI Rosé, avec mon Melon-Parme !? Faire un mauvais cauchemar… Tout est calme, les deux bouées blanches oscillent au grès de la très légère houle, pas un bruit en dehors des quelques mouettes qui crient en se coursant.

Juste sur Tribord, une grosse tâche de reste de soupe, jeté aux poissons, avec ses quelques grosses auréoles de gras qui tranchent sur le turquoise… Je peindrai peut-être demain !