SOUVENIRS, SOUVENIRS Vendredi 29 Juin

SOUVENIRS, SOUVENIRS….

Il y a des coins maudits, où l’on nous a trainés en voyage scolaire, voire où l’on s’est rendus de son quasi plein grès, pour faire ce que l’on nous répète depuis l’enfance (en tout cas la mienne), ne pas oublier….

Et effectivement, en passant le portique de Dachau, ou l’entrée de Buchenwald, de Waterloo « morne plaine », on a aucun mal à imaginer les horreurs qui s’y sont déroulées, les boucheries du bon Napoléon !

D’autres sites célèbres, pour des catastrophes à peine moins intimes, ne laissent au voyageur qu’un agréable souvenir de vacances. Qui, en arrivant au merveilleux petit port Toscan de Giglio, pense encore aujourd’hui (Le Costa Concordia ayant été déblayé), aux trois mille personnes, femmes et enfants, précipitées dans une eau noire à 8°, une nuit de Janvier 2012 ? Qui, sur les plages de rêve désertes de Marie Galante, va encore évoquer le corps de l’esclave en fuite, dépecé par les chiens…

Le temps a joué son rôle bienfaiteur, il faut oublier l’horreur, pour jouir pleinement de lieux mythiques : Les plages de Normandie où l’on ne sauve plus le soldat Rayan, Notre Dame d’où personne ne jette plus de condamnés dans un sac en Seine, les plages de sable blanc aux senteurs de Rhum arrangé et de langoustes grillées !

L’Archipel des Lavezzi et sa crique mythique Cala Lazzarina, sont arrivés à combiner les deux volets. C’est aujourd’hui l’un des plus beaux mouillages de Méditerranée, qui conserve de manière bucolique et discrète l’histoire de la Sémillante, l’une des plus grandes catastrophes nautiques française, racontée jadis par Alphonse Daudet.

L’ambiance générale y reste bien évidement estivale, le lieu est à couper le souffle. Il n’empêche que tout un chacun, entrant dans le mouillage s’interroge sur la pyramide qui en garde l’entrée et que l’on va visiter forcément d’un coup d’annexe. Une plaque sobre invite à se recueillir dans les deux cimetières discrets où 560 marins (sur plus de 700 disparus), reposent auprès de leur abbé et de leur capitaine, marins ou homme de troupes.

Le visiteur, un peu gêné de sa tenue de bain, chemine dans la petite allée de ce cimetière marin. Certains doivent évoquer les vers célèbres de Paul Valery « Ce toit tranquille où marchent les colombes, entre les toits scintillent, entre les tombes ». A pas feutré il va déchiffrer l’épitaphe, devenue quasi illisible, évoquant le drame, les héros malgrè eux…

Le soir, rentrés à bord, ils vont entendre en frémissant,  le cri nocturne des Puffins cendrés, ces « mouettes Lavezzi » dont le chant ressemble aux cris des nourrissons. Ils penseront peut être à ces enfants en pleurs, déchirés par la disparition d’un père ou d’un frère, navigateur, esclave ou tout simplement d’une autre religion, pas la bonne, tous brisés par la folie des hommes.

Les Lavezzi, à leur manière, entretiennent le souvenir, sans fanfare ni manichéisme. Le plaisancier profite de ce privilège fameux de pouvoir y mouiller, cependant, même l’italien le plus volubile va y conserver beaucoup de retenu, comme un hommage discret, incontournable.

Et cela est très bien.

LAVEZZI LAGON

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