INCROYABLE MAIS…..
La navigation, ça ressemble à la vie.
Tu sais à peu près d’où tu pars, mais tu sais pas vraiment où tu vas atterrir. Et encore, faut avoir un minimum de connaissance de notre histoire pour comprendre au moins d’où tu viens !
Eh ben hier, en partant de Port Cros, on s’attendait à découvrir la Révelatta, beaucoup plus tard, au sortir de la brume, en arrivant 3 ou 4 miles au pied du promontoire. Le folklore voudrait même que la Corse, tu la sentes avant même de la voir… L’odeur de son maquis, du Figatelli, du bruccio et de la confiture de châtaigne, de la liqueur de myrte! T’entends pas encore le chant des cigales, mais déjà les cris des Muvrini….
Pas du tout ! Avant même d’attaquer ma première bibine, à moins de 30 miles de Port Man, donc à plus de 70 miles de Calvi, en plein jour, j’ai aperçu l’île de beauté, de la Révelatta à Sénétose. Même que j’ai interpellé Hugues qui suivait, sur la VHF canal 77. Pas bourré non plus il la voyait aussi !…. On aurait pu faire l’économie des 4 GPS, 3 VHF, radars et autres conneries qui embarrassent le bord et créent des interférences qui font sûrement suer les dauphins, et traverser à vue….
A vue, c’est le cas de le dire, car quelques miles plus loin, un porte container arrivait sur mon tribord. En théorie il était prioritaire, bien que sur mer il n’y ait pas de priorités strictes, mais justes de bons usages pour éviter les principaux abordages. En résumé, c’était surtout le plus gros. Mais c’était moi le plus joueur. J’ai pas dévié d’un poil et c’est passé à ras de ces hélices… Le gros prétentieux n’a même pas klaxonné, comme s’il ne m’avait pas vu. Décidément aucune solidarité entre bateaux à moteurs, déjà pourtant haïs par tous les voileux de la création.
Quelques dauphins, incroyablement joueurs, sont venus ensuite jouer devant l’étrave, comme pour nous tirer la bourre. Ils nageaient sur le côté pour observer leur effet. Une dernière pirouette, et ils sont repartis dans un grand brouhaha d’écume, laissant une surface désespérément lisse et vide…
Et puis j’ai joué à tout éteindre à bord, pour me faire peur, comme les premiers navigateurs, mais sans les étoiles, il était 14h. Eh ben, si t’as juste un Iphone, ce qui est le minimum pour survivre en ce bas monde, sans réseau, tu branche MAPSME et ce petit appareil capte direct sur le satellite, pour te dire où tu es !
Incroyable non ?
Depuis, je suis serein, certain de ne jamais plus me perdre, si ce n’est dans un saladier de Mojito, ou les méandres de ma pensée.
Et en plus, pour un peu que j’ai du réseau, je peux tout vous raconter sur Facebook !
Pour finir, tout aussi incroyable, l’arbre d’hélice de nos copains de route, s’est mis soudain à vibrer, créant l’inquiétude des 2 navires. Vérification faite, Hugues et Eliane avait stocké 200 litres de rosé, tout du même côté de la cale arrière. On a hésité à en boire la moitié, finalement il a rééquilibré, tant pis….