QUI SE RESEMBLE S’ASSEMBLE (2)
Le Trawler, c’est cette espèce de bateau rigolo, comme dessiné par Fisher Price. Une sorte de navire Chamalow, un gros bonbon tendre, pas bégueule, dépouillé de tout le bling-bling de ses lointaines cousines pimbèches, les vedettes à moteur (me voilà avec de nouvelles copines !).
Son proprio, c’est forcément le même, navigateur un peu atypique, bouffeur de miles, solitaire grognon lorsqu’il navigue, mais tellement partageur de rosé, café, cahouette, dès qu’il croise un congénère. Et s’il en croise peu, il en trouve plein, car le capitaine de cette merveille, n’hésite pas à ajouter quelques miles à son périple, s’il voit cette espèce de pâtisserie à trois étages, mouillé à quelques encablures, pour aller le saluer…
Les retrouvailles sont forcément un peu italiennes, ça parle fort, ça gesticule :
- Hello PAIA BAY ! qu’êtes vous devenus depuis notre rencontre, l’année dernière à Pinarello ?
- Non !? il y a aussi TINTAMARRE, et vous descendez vers le sud !
- Ca alors, CLOPY, vous descendez aussi ?, on va faire un bout de périple ensemble…
Et la procession s’organise, de binôme, on devient flottille. Arrivés à l’étape, en deux coup de VHF l’apéro s’organise, l’un débarque avec un Patrimonio, l’autre avec du rosé de Provence, dont le stock, pourtant conséquent dans la cale arrière, descend de manière vertigineuse. On se raconte, on évoque ceux qui doivent voyager là bas, quelque part, pas très loin, et que l’on a vu au dernier rassemblement, où à celui d’avant. Après trois verres, la netteté des souvenirs s’estompe, mais on refait le monde. Et le monde refait par des capitaines de trawler, ça a de suite une autre gueule.
On échange quelques tuyaux, on peaufine l’étape suivante, le plus sachant sur la zone prend logiquement l’initiative, et un début de procession tranquille commence à se mouvoir. Le bateau de tête, solidaire, réserve trois postes à quai, pour la petite troupe.
Une fois amarrés, chacun vaque à ses occupations. Le drone de PAYA BAY zonzonne au dessus des mats de charge. Vu du ciel, le diagnostic immédiatement tombe : Le tek de CLOPY est incommensurablement moins gris que les autres. On range la technologie et on sort discrètement le balai brosse et l’huile de coude. Le trawlériste, n’est pas dans la compète, mais quand même, il a sa fierté, posée sur son pont….
A l’apéro qui suit (de près, forcément !), y’a inévitablement un malin pour complimenter :
- (l’un, faux-cul) : Il est vraiment superbe ton tek !
- (l’autre, rosissant) : Ouais, pourtant c’est pas l’attention que j’y porte…
L’équipage, féminin comme il se doit, lui est très éloigné de ces considérations de marins, adolescents quelque peu attardés. L’une a fait des crêpes roulées avec jambon fromage pour l’apéro, l’autre a déniché la terrine Corse qui va bien avec l’Orenga di Gaffory, la troisième a fait sauter un peu de gigot pour accompagner les légumes, qui vont si bien au transit intestinal de tout ce beau monde. Car derrière de grands capitaines, y’a surtout de sacrés bonnes femmes pour organiser le bal !
Puis on repartira, pour quelques autres étapes. D’autres viendront peur être, As de Cœur, Agua Limon, Habana, Grand Z’Ours…, pour quelques jours, rejoindre la joyeuse équipée, certains devront partir, pour des contraintes autres. On les suivra un moment des yeux, puis sur les écrans de nos AIS et enfin par tous les moyens dont aujourd’hui on dispose, pour rester un contact avec les membres de cette grande famille. Avec la certitude que demain, ou plus tard, au détour d’une crique, la silhouette bonhomme et attirante d’un autre trawler nous interpellera, le monde est petit et ces bateaux naviguent !
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