DOUBLE PEINE
Ben voilà, on y est.
En dehors de quelques cons finis récalcitrants, on est tous confinés !
Edouard et Manu ont bien essayé de résister, comprenant que sans le prétexte Elysée-Matignon, ils allaient se retrouver aussi, à faire la queue aux surgelés et de corvée de peluche. C’est bien connu, moins on sort, plus faut bouffer de légumes bien verts (genre brocolis, si tu vois !)…
Le premier jour t’esquive. T’as un article urgent à boucler pour Neptune Yachting ou Mer Océan, la moto à t’occuper avant de la mettre sous bâche, des coups de fil à passer avec Marc, notre mécano bien-aimé qui bichonne Tintamarre, tiré à sec sur le port de Corbières.
Le second, t’es encore en semi-liberté et tu te tapes la queue (c’est une image) chez Picard. Mais des mégères encore moins apprivoisée, ont déjà envoyé tes potes tout piller bien scrupuleusement. Il reste quelques langoustes et des plats cuisinés de Fauchon : cailles au foie gras, chevreuil grand veneur… Tu t’en colles pour 250 balles, sûr au moins qu’on t’y renverra pas de sitôt, pour épargner l’argent du ménage…
Le troisième, t’es fait comme un rat. T’as même pas eu le temps de passer ¾ d’heures sous la douche et de t’épiler les poils du nez et des oreilles, de t’asperger d’ « Habit Rouge », que déjà on t’appelle par ton prénom, ce qui n’était pas arrivé depuis l’élection de Mitterrand et qui ne présume rien de très bon !
Tu aurais envie, comme on te l’a appris, de te réfugier dans un coin, prêt à vendre chèrement ta vieille peau, mais tu vois arriver Maman, grand sourire, qui te tend le balai d’aspirateur. Car la femme de ménage, quand elle a entendu Philippe lui préciser qu’elle avait droit au chômage partiel, elle s’est tiré recta, la salope !
Toi, tu savais même pas qu’on avait un aspirateur, tu joues au golf le mardi et le jeudi matin, lorsqu’il sort de son trou. Tu commences donc à faire le gogo en faisant exprès de frapper le charriot dans tous les meubles, mais t’arrêtes vite quand on te précise qu’après, il va falloir nettoyer au solvant, à quatre pattes, toutes les petites traces noires, résultat de ton incompétence notoire…. Car le ménage, ça réclame une stratégie et un plan précis d’organisation, qui se transmettent de génération de femmes en générations de filles (J’ai peur qu’au même moment la mienne soit en train de faire chier aussi copieusement mon gendre !).
Tu te lançais tête baissée ? T’as tout faux !
Le ménage, depuis 10 générations d’Uglione, ça se fait de HAUT en BAS. Et tu te retrouves avec une tête de loup en main, à traquer les toiles d’araignées, puis avec la chiffonnette adéquate, pour nettoyer les extracteurs d’air, puis avec le Pschit-pschit adapté, pour les plans de travail et le mobilier, et là, enfin, comme une récompense, t’as droit de jouer avec l’aspi. Avant d’enchainer sur la serpillière ! Pour éviter la poussière sur la tête, on t’a collé une protection grotesque sur les cheveux, qu’après ça tu te demandes comment, tu pourras lui inspirer encore le moindre amour.
Les potes se fendraient la gueule. Ils ont tort, ils vont subir pareil, même s’ils n’ont plus de cheveux. T’évites de tousser (la poussière !), car au premier éternuement, t’es sous Doliprane, avec un thermomètre dans le luc ! (c’est bien connu, la seule mesure fiable est annale…).
Heureusement, comme les merdeux pareillement à la merci d’un matriarcat abusif, on a prévu, pour éviter toute lassitude répétitive, de varier les activités. Mon gendre (traitre !) ayant ramené l’échelle et le taille-haie, demain, c’est jardinage. Cet enfoiré de jardinier n’entretien que les espaces communs du parc et le chef du conseil syndical a déclaré de manière péremptoire que les haies de terrasses étaient privatives….
Après, la météo aussi prévoyant que l’ambiance allait se dégrader, y’a le garage à ranger, tout le bordel à sortir et à photographier, pour brader le fruit de 4 déménagements sur le Bon Coin. Le ranger, en attendant le pigeon, déconfiné un jour ou l’autre !
Bon, je dois vous laisser, à 11h c’est marche autour du pâté de maison, tous les prisonniers y ont droit….
Mais bon, en pensant à mes vieilles copines, veuves, célibataires ou divorcé (elles ne l’ont pas toutes tué !), je me dis que finalement, elles, ont une triple peine, bouffer seules leurs petits plats, se taper leur ménage, sans avoir personne à faire chier !….
tu as raison moi aussi c’est ménage de printemps mais sans aide !!! un peu de jardinage !bises à tous les deux Nini
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