
Tu rentres, confiant d’un périple italien de plus d’un mois…
T’as pu réserver, la bas, la veille, dans tous les ports rencontrés sur ta route, une place à un prix sympa, où tu as été accueilli, au sens commercial du terme, bichonné, reconnu et respecter comme étant celui qui fait vivre le port, la superette, les restos…
Dans chaque crique, tu as pu mouiller sans qu’on vienne vérifier que tu aies bien le miroir et la sonde à main, toi qui a des années de permis hauturier, au moins quatre GPS à bord alimentés indépendamment, deux sondeurs, une balise Argos…
La « Gardia Costeria », tournait gentiment, chez nos amis Ritals, pour la sécurité de tous. La t’arrives en un lieu où 80% des bateaux sont italiens, où les noms sont de même ( Lazzarina, Greco, Chiesa), sauf que tous les « O » ont été remplacés par des « U »….
Les autorités présentes, cinq en bel uniforme sur un semi rigide flambant neuf, regardent hilares les vedettes (dites chez nous « promène-couillons ») entrer plein pot entre les bateaux mouillés et les baigneurs. Pas un bateau Français n’a sa boule de mouillage. Par contre, dans l’eau, tous les baigneurs ont eux, de sacrés boules !….
Musique à fond, haut-parleurs : « Les ceuss’ qu’ont payés le repas restent à bord, les autres vont être déposés sur la plage avec leurs glacières (pour les plus prévoyants) ». L’annexe du barlu, débarque plein pot, en rasant bien le cul de Tintamarre, sa cargaison à rapatrier à 15h30 précises, (annonce le micro à 400 décibels) et à enduire d’urgence au retour, sous des litres de Biafine. Les mots d’oiseaux, forcément fusent…
Pas de doute on est bien revenus en France non continentale…
Tout ce beau monde fini par quitter à grand bruit, ce site merveilleux, laissant enfin le plaisancier et les 700 morts de la Sémillante reposer en paix, en écoutant le chant des mouettes Lavezzi. C’est là que les gardiens du parc commencent à s’emmerder grave, avant de rentrer sur le rocher pour 18h précises.
Tu prends alors ton pneumatique, pour rallier à ½ nœuds le chenal balisé avec ton moteur électrique écolo (ce chenal même où vient de se dérouler le grand prix motonautique des Lavezzi, raconté plus haut), et t’as l’audace de poser l’avant du boudin sur le petit bout de plage déserte, que déjà les 5 gardiens te tombent dessus, te menacent de verbalisation sévère…
Tu rentres penaud au bateau où tu as pris finalement la bouée vide du promène couillon pour stabiliser ton arrière, dans un mouillage surchargé (avec l’autorisation du pilote, qui parlait finalement un français très correct) et dans les 2 minutes, le même semi rigide, floqué de l’appellation en langue corse , te retombe dessus, de manière tout aussi inamicale, pour te virer comme un malpropre…
Ça dégénère un poil, quand tu expliques que t’es leur employeur, qu’ils sont payés par tes impôts et leur joujou flottant par tes différentes taxes et cotisations, et qu’un minimum de considération semblerait légitime…
Pas de doute, au vu de l’intitulé de l’autorité maritime et de l’amabilité des dialogues, on a bien quitté la Sardaigne !…
L’année prochaine, je ferai étape unique à Girolata (Côte Ouest), ou Maccinaggio, (côte Est) où il reste quelques vrais seigneurs de l’âme Corse, des hôtes pour qui l’hospitalité n’est pas un vain mot, avant de piquer directement vers l’Italie.
Nous sommes nombreux à faire cette analyse. Dont un bon nombre d’excellents amis Corses…
